Cadrage
On vit une époque formidable, tout le monde sait ça, on ne pourrait plus vraiment dire pourquoi mais l’idée est acquise. Dans l’inframonde de l’art et à la sous-direction des affaires picturales en particulier ont cours les mêmes slogans. Si on remonte un peu l’histoire de la peinture, on pourrait considérer le Moyen Age, la Renaissance et l’Age Classique comme la tige de la plante et le XXème siècle comme l’avènement de sa première hampe florale. Au début, ça avait tout du glaïeul avec une éclosion de multiples boutons mais attention, des boutons éclos successivement avec un bas et un haut, un avant et un après, de l’arrière-garde et de l’avant-garde. A l’approche du XXI ème, le temps s’est comme étalé dans l’espace: les mouvements se sont légèrement figés puis ont fini par coexister, les catégories traditionnelles des arts sont devenues moins efficaces pour décrypter cet inframonde et le théâtre est venu flirter avec la peinture, et le questionnement philosophique brut s’est insinué dans les galeries, et les écrans se sont invités et pliés aux caprices et aux nécessités des créateurs, et enfin les quatre coins de la planète ont entrepris des échanges féconds.
Dans ce monde foisonnant, libre et angoissé de l’être, il suffit de trouver un petit chemin, un pintoresque coin où poser son barda, une colline un brin sauvage où cultiver sa vigne et inviter ses amis ( les vrais et les potentiels) à venir en boire le jus.
Ainsi je cultive, ainsi je peine et j’exulte, ainsi je justifie mon joli petit parti pris.